J’essaie d’imaginer le tas de chiffons que tu dois être, j’essaie de mesurer ta douleur, mais en vain. Je ne saurai jamais, car tu échappes à l’œil. J’essaie d’envisager le désordre de toi, mais je n’ai plus la force de tenir debout. Les lames des mémoires me sont présentées nues, nues devant les yeux exorbités….
Catégorie : Poésie
Les yeux seuls trahissent
Ce texte a été publié, légèrement remanié, dans Po&sie. « …l’ouverture mortelle de l’œil… » (Derrida) les yeux seuls trahissent, tes plus profondes émotions, ton vice caché… les yeux seuls ne vieillissent pas, ne se rident pas, quoique parfois ils se ferment. ils ne vieillissent pas car ils sont constamment sous-marins. les yeux de mer. les yeux…
Nager
nager, sur le sel, seul, au-dessus de milliers de litres d’eau, porté par le sel, seul, éloigné de tous, vers des îlots suspendus. nager vers les pierres, qui sont tombées une fois pour toutes, arrachées aux montagnes, et qui vous arrachent lorsque vous les croisez. ces pierres qui luttent contre l’eau, comme tu luttes dans…
Pénombre
Même dès que le soleil perce un peu, se contenter de la freiner, cette lumière, tourner le volet, travailler dans la pénombre ; quand tu travailles le jour, écrire la journée, il faut un peu exiler les formes et les ombres, donner à laver la nuit un peu, là, et que brille l’écran, seul. Nos…
Trains 1
On croise n’importe qui dans les trains. De la jeunes étudiante à l’homme à la face ravagée, qui n’a pas pris de billet, et on sait pertinemment que ça va faire des histoires, mais on n’attend que ça, nous, des histoires, quelques choses pour Ambo(i)lati ou même pour un récit quelconque, un jour, qui sait,…
Au gré du pavé
Au gré du pavé, l’eau s’éteint ; avec la nuit de vent qui pose les nœuds futurs de l’hiver. Au gré du pavé, tout se tient. Les pas les yeux les silences les bouches qui ne parviennent pas à dire les départ bientôt les retours peut-être les araignées les sables les rancœurs et les doutes…
Les douleurs
Avec ses mains de gazole et ses lunes froissées La femme aux cent douleurs tranquille Visite les jalons qui ont défait sa vie « Je suis lasse » Mosaïque d’argent aux couteaux acérés Les vagues de la mer s’exilent Elle chante encore les corps de l’été « Je suis lasse » Visiteuse impromptue la mort nous regarde Apporte ses…
Kafkaland
Espèce d’espace agencé de cellules L’effroi et Kafka marche Et les traces de Kafka s’effacent Traces de Kafka Kafkafard intenté en cellule Froid de Kafka trace Et chasse le fard de Kafka Chasse au Kafka Kafkaland arpentées les cellules L’effort sous chaque pas de K. Dans l’espace sans phare de Kafka Sans phare de Kafka…
Entre 2
Tout recommence, recommence par d’abord du vide qu’on emplit. On se déverse dans du rien. On en fait notre pitance, et on le creuse. Ceci pour faire site, fondation. Il y a des héros qui tracent du pied une ligne et ils disent « Ville », comme ville se fait et comme un petit patron veulent « Gens »…
Réminiscences
On prend un livre, c’est l’été. C’est en été que les livres (se) prennent. On a l’espace étendu devant. Le temps compte peu. Et tout dehors nous aspire. On marche sur des cailloux, même pieds nus, on croise les fleurs immenses de l’été : mélilots, cardères, vergerettes, fenouils. Ce sont les derniers soubresauts, mais brillants,…